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Réforme
L'agriculture actuelle n'a que peu de ressemblance avec celle d'il y a 50 ans. Non seulement la mécanisation a considérablement augmenté, mais aussi la pression économique et les exigences imposées par la Confédération et par les consommateurs. Les thèmes qui dominent actuellement la politique agricole trouvent leur origine au milieu du siècle dernier. Alors que la production agricole intensive a été encouragée et soutenue jusque dans les années nonante, une tendance nouvelle s'est désormais imposée depuis plusieurs années: libéralisation et concurrence sont aujourd'hui à l'ordre du jour.
La loi sur l'agriculture de 1951 et de 1998
Quelques années après la fin de la Seconde Guerre mondiale, qui vit la Suisse confrontée au rationnement de l'alimentation, le Parlement fédéral vota en 1951 une loi sur l'agriculture. L'objectif du législateur était le maintien d'une population paysanne vigoureuse et l'encouragement d'une agriculture productive, afin de garantir l'approvisionnement de la population en temps de crise.
Mais cette agriculture administrée par l'Etat, avec son cortège de prix garantis et de prise en charge obligatoire, ne tarda pas à produire des surplus dont la mise en valeur se révéla extrêmement onéreuse.
Au cours des années 1990, on corrigea complètement le tir. Les subventions liées à la production furent remplacées par des paiements directs versés pour indemniser un certain nombre de prestations. Les garanties de prix et de prise en charge furent supprimées, si bien qu'aujourd'hui, le prix des produits agricoles est déterminé en fonction de l'offre et de la demande. En 1996, le peuple et les cantons ont accepté un nouvel article concernant l'agriculture dans la Constitution.
Depuis 1998, les marchés sont soumis à l'offre et à la demande. Les paysans ne reçoivent un soutien financier de la Confédération que s'ils satisfont à de sévères exigences en termes d'écologie et de détention des animaux. Ils ne sont donc plus seulement des producteurs de denrées alimentaires au sens propre du terme, mais aussi responsables de la préservation des bases naturelles de la vie et de l'entretien du paysage cultivé. L'agriculture moderne est donc toute entière régie par le principe de la multifonctionnalité.
Bases des réformes agraires
L'ancienne politique agricole était protectionniste et onéreuse pour la Confédération. Pour garantir des prix étatiques fixes et l'écoulement des produits, la Confédération intervenait entre autres avec des prix seuils pour les produits importés, les droits de douane, les contingents d'importation et la reprise à prix coutant des excédents ("montagne de beurre»). A la fin des années 80, cette politique avait atteint ses limites. Les coûts grevaient de plus en plus le budget de la Confédération. En outre, l'augmentation du tourisme de consommation dans les pays voisins et les efforts visant à libéraliser le commerce mondial dans le cadre du GATT (General Agreement on Tarifs and Trade), et plus tard de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) ont considérablement augmenté la pression pour supprimer les mesures protectionnistes en faveur de l'agriculture suisse. De plus, les impacts de l'agriculture intensive sur l'environnement apparaissaient au grand jour. Pour ces raisons, le Conseil fédéral présenta en 1992 les limites de cette politique agricole et proposa une réorientation.
Avenir
Entre 1993 et 1998, le cœur de la réforme était le découplage des prix et des revenus. Les prix des produits garantis par l'Etat ont été progressivement réduits, de même que la protection aux frontières, conformément aux exigences de l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Entre 1999 et 2002 (PA 2002), la politique agricole a été orientée sur l'amélioration de la compétitivité. Dans la troisième phase de la réforme (PA 2007) de nouvelles mesures visant à renforcer la compétitivité de l'agriculture ont été prises, telles que la préparation de la suppression progressive du système de quotas laitiers ou de la mise aux enchères de contingents tarifaires pour la viande de boucherie. En outre, des mesures ont été prises pour garantir la durabilité sociale: aide à l'exploitation, aide à la reconversion professionnelle, etc.
La politique agricole 2011, menée durant la période 2008 à 2011, visait également à renforcer la compétitivité du secteur agricole. Le système des quotas laitiers a été complètement aboli en 2009, avec un succès discutable.
Pour la période de 2011 à 2013, le Parlement a adopté une solution de transition jusqu'en 2014 et a adopté l'arrêté fédéral sur les moyens financiers destinés à l'agriculture en 2012 et 2013. En 2014, la nouvelle politique agricole (2014-2017) entre en vigueur. Au cœur de cette nouvelle politique agricole, on trouve une extension du système des paiements directs et, entre autres, une révision de la loi sur l'agriculture afin de pouvoir réagir de manière optimale par rapport à l'évolution des conditions cadre de la politique agricole.
La politique agricole suisse actuelle est marquée à la fois par l'histoire et l'importance de l'agriculture suisse au siècle dernier (voir paragraphe sur l'histoire de l'agriculture), et aussi par la situation en constante évolution sur les marchés des produits agricoles.
La demande en produits alimentaires de base dépend fortement du prix. Indépendamment du prix, élevé ou bas, la population doit être approvisionnée en temps de paix aussi bien qu'en temps de crise. En même temps, les marchés agricoles sont très instables, et les prix peuvent varier considérablement en fonction des conditions du marché et des récoltes. Dans le cadre de son entreprise, l'exploitant ne peut pas réagir immédiatement à ces fluctuations du marché, car il est dépendant des cycles de croissance des végétaux et des rythmes de reproduction des animaux. Les reconversions ou l'adaptation ne sont ainsi réalisables qu'à long terme. C'est pourquoi, aujourd'hui, tous les pays industrialisés interviennent sur le marché agricole pour stabiliser ce déséquilibre et garantir la production de denrées alimentaires.
En Suisse, l'agriculture en tant que secteur économique est au centre des débats politiques. Aucun autre secteur économique ne dispose d'un propre office fédéral. La mission de l'agriculture suisse se base sur un article de la Constitution fédérale qui a été approuvé en 1999 par le peuple suisse. Une loi sur l'agriculture et plusieurs ordonnances encadrent ce mandat. Au centre de ce mandat constitutionnel, la Confédération veille à ce que l'agriculture, par une production à la fois durable et adaptée aux exigences du marché, garantisse l'approvisionnement de la population en denrées alimentaires. Plus généralement, le maintien des bases naturelles de l'existence et l'entretien du paysage rural sont également des fonctions importantes. Au premier plan, l'agriculture suisse doit répondre à des critères de compétitivité, de durabilité et de multifonctionnalité.